Céréales, pains, et cie
Philippe Genêt est paysan-boulanger à la Ferme du Pré aux Chênes. La ferme est implantée un peu à l’écart du petit village de Macon, près de Momignies, dans un cadre magnifique - mais devenu rare - de prairies bocagères à haute valeur biologique.
Lorsque Philippe nous fait visiter sa ferme, en septembre 2022, l’herbe toute tendre pointe le bout de son nez depuis quelques jours après des mois de sécheresse intense - une sorte de deuxième printemps. On commence par le café, entourés de courges fraîchement récoltées, et on pose les bases. Ici, nous ne sommes pas dans une ferme quelconque : on y vit et produit en autonomie énergétique (panneaux solaires & batteries pour actionner les moulins, feu de bois pour la cuisson), le partage est une valeur pilier du projet, le métier de paysan y est revendiqué.
Deux jours par semaine, le grand four à bois accueille les pains au levain préparés par Philippe. Ils sont à base de différentes variétés d’épeautre et de froment - des variétés "population", cultivées soit par Philippe, soit par des collègues des environs. Des variétés "population", késako ? Des variétés ni anciennes, ni modernes, mais à la croisée des deux et qui correspondent aux différentes réussites culturales de ces dernières années. En effet, Philippe conserve chaque année ses semences, et les croisements répétés lui ont permis de créer ses propres variétés, qui s’adaptent donc année après année aux conditions du terrain (type de sol, climat, ravageurs...). Ici, vous l’aurez compris, nous sommes loin des pains sans âme de la grande distribution !
En plus d’assurer la boulangerie et la production de céréales sur une quinzaine d’hectares, Philippe élève chaque année une vingtaine de porcs de race rustique Duroc. Élevés en plein air, vous les retrouverez bien heureux dans leur bain de boue à quelques pas du bâtiment de la ferme - en bordure d’un verger pâturé par quelques moutons et de la roulotte des poules pondeuses. A l’arrière du bâtiment de ferme, on aperçoit une petite serre tunnel et d’un jardin potager, destiné à l’autonomie des habitants.
Originaire de Liège, Philippe n’est pas issu du milieu agricole. C’est pour lui une reconversion professionnelle, après avoir testé le métier dans différentes fermes du Mouvement d’Action Paysanne (la ferme du Pré aux Chênes est maintenant à son tour ferme-école du MAP !). Il a eu l’opportunité voici plusieurs années d’acquérir une dizaine d’hectares à Macon et d’y construire sa ferme (qui compte habitation, boulangerie, meunerie et stock de céréales). L’arrivée dans un territoire inconnu n’est pas chose aisée, mais Philippe a rapidement créé des synergies avec d’autres agriculteurs de la région.
Assurer la renaissance d’une ferme
Fin 2021, Philippe apprend que sa voisine la plus proche - ancienne agricultrice - vend sa ferme, et quelques hectares attenants. Philippe y voit une opportunité pour bénéficier de bâtiments supplémentaires, car son activité est à l’étroit - mais surtout de re-dynamiser une ferme qui avait arrêté ses activités. C’est alors que se crée le collectif Amagda (l’ancienne propriétaire s’appelle Magda) : plusieurs jeunes d’horizons différents (y compris Philippe !) s’associent pour envisager la reprise de la ferme. Ils forment une coopérative, qui lève des fonds pour acquérir le bâti - et font appel à Terre-en-vue pour acquérir les terres attenantes. La ferme, après quelques transformations, accueillera de l’habitat partagé, un café citoyen, une brasserie, une programmation culturelle, un projet de culture de plantes aromatiques et médicinales, une meunerie, et... les céréales de Philippe.
Les terres acquises par Terre-en-vue forment un bloc de 4,6 hectares attenants à la ferme de l’Amagda. Philippe les intégrera dans sa rotation de cultures (entre céréales et fourrage pour les animaux). De l’espace sur ce terrain pourra être réservé un un.e nouveau.elle porteur.euse de projet agricole : maraîchage, petit élevage... les portes sont ouvertes aux collaborations.
L’intervention de Terre-en-vue permet l’émergence de nouveaux projets ruraux, mais aussi la préservation du rôle nourricier de ces terres et leur intégration au sein d’un écosystème social et économique très complet.
Pour soutenir cette acquisition, rejoignez Terre-en-vue en tant que coopérateur.trice et prenez des parts dédiées à la Ferme du Pré aux chênes ! Ensemble, nous réunirons 134.530€ pour financer cette acquisition - beau défi !
Si vous souhaitez rejoindre le groupe local, cercle de citoyens actifs dans le soutien à la ferme, n’hésitez pas à nous partager votre souhait de vous impliquer : animations[at]terre-en-vue.be