LES PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES : OUI MAIS ALORS SUR QUEL SOL ?
La Fédération Inter-Environnement Wallonie (IEW), Terre-en-vue, Natagora, et Apere se sont penchés sur le nouvel engouement pour les panneaux photovoltaïques sur sol.
Cette concertation a fait l’objet d’une note qui a été transmise au cabinet du ministre wallon, Willy Borsus, responsable de l’aménagement du territoire et de l’agriculture.
Quels constats ont ils pu mettre en évidence ?
En 2050, la Wallonie a pour objectif d’avoir 100 % de son énergie sur une trajectoire renouvelable. Dans ce but, la technologie des panneaux photovoltaïques offre beaucoup d’avantages étant donné son coût, sa maturité technique et son impact environnemental limité et maîtrisé. Mais la question qui a attiré notre attention est : à quel endroit ces panneaux sont-ils installés ?
En effet, depuis ces dernières années, les demandes de permis d’urbanisme pour des projets d’installation photovoltaïque sur sol sont en plein boom. Pourquoi ? Car leurs coûts par MWh d’électricité produite sont souvent plus faibles par rapport à ceux installés sur toit.
De plus, les primes qui favorisent les panneaux photovoltaïques ne tiennent actuellement pas compte du lieu d’installation. Et c’est cela qui nous inquiète car l’installation sur sol rentre en concurrence avec nos terres agricoles nourricières.
Or, pour Terre-en-vue ainsi que pour ses partenaires, les terres agricoles ne devraient pas avoir d’autre vocation que celle de nourrir sa population. L’accès à la terre est déjà particulièrement difficile en Wallonie, le marché des ventes de terres étant totalement dérégulé, le développement des panneaux photovoltaïques sur sol engendrerait ;
un nouvel usage des terres agricoles concurrentiel à la fonction nourricière,
une participation à l’augmentation de leurs prix en conséquence,
un verrouillage encore plus fort pour l’installation des jeunes en offrant à l’âge de la pension une diversification non nourricière rentable aux agriculteurs qui, de ce fait, conserveraient leurs terres au lieu de les transmettre.
En outre, les surfaces agricoles souvent visées sont des pâtures ou des prairies permanentes (étant donné que ce sont des spéculations à plus faible valeur ajoutée) alors qu’ils offrent le plus d’intérêt pour la biodiversité et le piégeage de carbone.
D’autres zones devraient également être évitées : les sites Natura 2000, les sites de grand intérêt biologique (SGIB), les zones forestières.
A l’inverse, les installations de panneaux photovoltaïques sur du bâti existant ou sur sols artificialisés (bâtiments résidentiels, tertiaires, routes, parkings, sites industriels pollués,...) devraient être encouragés. Notamment s’il s’agit de projets de photovoltaïques sur des bâtiments agricoles qui sont portés et au bénéfice des agriculteur.rice.s et de leur exploitation.
IEW, Terre-en-vue, Natagora, et Apere ont remis une proposition claire au ministre : intégrer un critère d’intégration de localisation dans le calcul du niveau du soutien à l’installation de panneaux photovoltaïques, et concrètement en incluant un facteur pénalisant au kEco pour les projets sur les surfaces agricoles et naturelles.
On vous tiendra au courant de la suite de cette note !
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On profite de cet article pour faire un petit clin d’oeil au collectif citoyen Touche pas à ma Petite Prée qui s’est mobilisé contre un projet d’installation de 58.000 panneaux photovoltaïques sur une pâture de plusieurs dizaines d’ha.
Ce témoignage avait été diffusé lors de notre événement live de décembre dernier "Luttes citoyennes contre l’accaparement des terres agricoles".
Si le sujet vous intéresse, nous proposons une formation continue ce lundi 29 mars !